Le professeur Raoult et son hydroxychloroquine ont le vent en poupe et la presse relaie énormément les possibilités de l’efficacité de ce traitement pour faire baisser la charge virale chez les patients dit COVID-19+. Pourtant, ce n’est pas le seul traitement prometteur à l’essai en Europe. Les autres essais sont moins médiatisés et se rapprochent plus des procédures habituelles et sécurisées des tests de médicaments sur les humains pratiqués avant cette épidémie.
Les dérivés de la Quinine
Antipaludéen à la base, la quinine ou ses dérivés (chloroquine ou hydroxychloroquine) sont souvent testés dans les infections respiratoires et surtout celle-ci. En effet, l’hydroxychloroquine a su montrer une efficacité in-vitro mais rarement in-vivo que ce soit sur des animaux ou des humains. Cependant, les résultats d’une pré-étude chinoise publié mi-février semblent montrer que ce médicament inhibe la réplication du virus, contribuant ainsi à la diminution de la charge virale. Aujourd’hui testé à grande échelle, les premiers résultats sortiront dans les semaines à venir. L’objectif étant de cibler sur qui et à quel moment c’est efficace. Il est important de rappeler que le médicament a une marge thérapeutique étroite et qu’il est nécessaire de prendre la bonne dose pour éviter les effets indésirables voir mortel !
Les antiviraux
Quoi de plus normal que l’utilisation d’un antiviral contre un virus ! C’est ains que plusieurs études se sont lancés dans de grands hôpitaux français, coordonnées par l'INSERM, notamment avec l'association lopinavir-ritonavir, déjà utilisée contre le VIH, en plus des soins de réanimation. Ce médicament pourrait être complété par un interferon beta, médicament utilisé dans les maladies auto-immunes. Il y a aussi l'antiviral remdesivir, un traitement antiviral injectable (non commercialisé actuellement), toujours en plus des soins de réanimation. En Italie, un antigrippal est testé car il semblerait diminuer la durée de la maladie à 4 jours sur les cas qui ne sont pas les plus grave. Il s’agit de l’Avigan (favipiravir), visiblement utilisé au Japon. La Chine sortirait également des conclusions en mai sur ce médicament.
D’autres voies ?
La vaccination qui a déjà sauvé des milliards de vie depuis qu’elle existe est également dans la course pour protéger les populations de ce virus. C’est d’ailleurs un virus qui mute bien moins qu’une grippe favorisant une vaccination unique plutôt qu’une par an. Si un vaccin existait, la vaccination de plus de 80% de la population permettrait de stopper le confinement et de retrouver une existence comme avant ! Malheureusement, la complexité de la création du vaccin, la durée nécessaire à la production d’une quantité suffisante et le fait que c’est un virus à ARN, relègue cette stratégie comme celle qui aura un résultat moins imminent.
Un traitement miracle en préventif ou en curatif, nous l’attendons tous ! Les moyens mis en œuvre sont très importants et de nombreuses pistes sont encore étudiées. Nous ne sommes pas à l’abri de voir de nouvelles stratégies de traitement voir le jour. L’important est de s’en donner les moyens ! A titre individuel, ne jugez pas les équipes qui ne vous soignent avec tel ou tel médicament miracle : aucun ne l’est à ce jour ! Prudence dans la lecture et l’écoute des médias qui ne donnent pas nécessairement une vision avec suffisamment de recul, de prudence ou de sources fiables.
Portez vous bien et respectez les mesures d’hygiène en RESTANT chez vous !
Dr Xavier MOSNIER-THOUMAS